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vendredi 15 octobre 2010

A PROPOS DE LA PRESIDENTIELLE DE 2011 AU BENIN

Un candidat unique de l’opposition pour 2011 ?

A mesure que l’échéance présidentielle de 2011 approche, l’opposition tente de regrouper ses forces pour la conquête du pouvoir. Pourvu que l’unité d’action affichée dure. Quand on sait que de futiles et petites querelles ont toujours eu raison de ce genre de bonnes intentions politiques dans un pays où la politique et la roublardise politique sont devenus des sports nationaux.

Par Serge Félix NPIENIKOUA

La classe sociopolitique au Bénin est aujourd’hui manifestement divisée en trois grands camps. A savoir les partis politiques traditionnels rassemblés dans ce qu’il est convenu d’appeler les G et F ou F et G, c’est selon. Entendez par là Force clé (FC) de Lazare Sèhouéto et le groupe des quatre (G4) qui comprend les plus grands partis politiques du Bénin, en l’occurrence le Parti du renouveau démocratique (Prd) de Me Adrien Houngbédji, le Parti social démocrate (Psd) de Bruno Amoussou, la Renaissance du Bénin (Rb) de l’ex-président Nicéphore Soglo et son épouse et le Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (Madep) de l’homme d’affaires Séfou Fabgohoun. Ensuite, il faut enfin ajouter le groupe des treize (G13) qui regroupe lui, une dizaine de petits partis ayant chacun des députés à l’Assemblée nationale. A ces deux camps, il faut ajouter enfin la mouvance présidentielle tantôt Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), tantôt Union de la majorité présidentielle plurielle (Umpp).
Dans le moutonnement houleux de la présidentielle de 2011, les grands partis traditionnels qui ont essuyé une défaite inoubliable face à Boni Yayi à l’élection présidentielle de mars 2006 n’ont sans doute pas fini de digérer à ce jour leur débâcle. Et ils tiennent à prendre leur revanche face à un Boni Yayi qui en quelques années de pouvoir seulement a déçu plus d’un.
A y regarder de près, avec l’initiative des G et F de présenter un candidat unique pour la prochaine échéance présidentielle, l’alternance est bel et bien possible en 2011. Surtout lorsqu’on connaît bien la sociologie politique du Bénin. Mais l’unité d’action affichée par ces partis traditionnels ne doit pas être entamée par quelque division ou tentative d’où qu’elle provienne avant la date fatidique. Autrement, ils feraient ainsi le lit à un second mandat à l’actuel locataire du Palais de la Marina dont les partisans sont en précampagne déjà par anticipation.
En effet, d’un point de vue de la sociologie politique, les Béninois continuent à voter à l’heure actuelle par « grands électeurs » interposés et ces « grands électeurs » sont les grands leaders, toutes catégories confondues, des grandes régions que forment les six anciens départements du pays. Et dans un scrutin à deux tours aucun candidat, fut-il d’un mouvement d’envergure nationale, ne saura rafler les voix d’une région tant qu’un fils du terroir est candidat dès le premier tour. Même si des candidats potentiels de la région se désistent en sa faveur.
La bataille de la présidentielle de 2011 entre les prétendants au fauteuil de Boni Yayi va sans doute se jouer dans chacun des six anciens départements du Bénin que sont l’Atacora-Donga (région d’origine du général Mathieu Kérékou, Colonel Maurice Kouandété, Colonel Alphonse Alley, Tahirou Congacou), le Borgou-Alibori (région d’origine de Hubert Maga), le Zou-Collines (région d’origine de Justin Ahomadégbé, général Christophe Soglo, Emile- Derlin Zinsou), le Mono-Couffo (région d’origine de Bruno Amoussou), l’Atlantique-Littoral (région d’origine du général Paul Emile de Souza) et de l’Ouémé-Plateau (région d’origine de Sourou Migan Apithy) pour ne citer que ces illustres personnalités politiques. Si candidature unique il doit y avoir, c’est bien dans ce cadre-là que cela doit fonctionner pour donner des résultats probants.
A moins de considérations inavouées, le candidat unique naturel des G et F reste tout trouvé, à l’analyse des performances des différents partis aux différentes élections qui ont lieu dans le pays depuis quelques années, est Me Adrien Houngbédji. Si l’opposition veut réellement accéder au pouvoir en 2011, c’est autour de sa candidature qu’il faut former une véritable union sacrée et un programme de gouvernement commun. Et commencer déjà à convaincre les Béninois qui restent encore sceptiques quant à la capacité des partis traditionnels à transcender leurs petites querelles intestines et à rester unis pour la victoire.
Certes, si le président Boni Yayi réussit à rassembler  tout le G13 autour de lui, il pourrait faire un tir de barrage dès le premier tour pour enfin livrer son baroud d’honneur au second tour. Mais même dans une tentative de récupération des trublions que sont les députés du G13, la bataille n’est pas gagnée pour le chef de l’Etat béninois. Trop d’entourloupes politiques ont fini par laisser la méfiance et une certaine animosité s’installer entre ce dernier et certains de ses anciens soutiens pour la conquête du perchoir à l’Assemblée nationale. Mais sait-on jamais.
Seule et grande inconnue, la position de l’ex-président Mathieu Kérékou qui, à lui tout seul, représentera jusqu’à sa mort plusieurs partis politiques unis. Laquelle position serait déterminante s’il venait à se décider à soutenir implicitement ou ouvertement un candidat. Faut-il le souligner, ce que le « Vieux Kaméléon » peut réussir seul, c’est ce que la coalition de l’opposition à travers les G et F veut tenter avec une candidature unique. C’est donc un grand défi à relever pour ces partis traditionnels en montrant qu’avec ou sans le général Mathieu Kérékou, l’alternance au pouvoir est possible au Bénin en 2011. A condition de résister aux tentations de la division par tous les moyens. Ce qui sera une première historique sur l’échiquier politique africain.

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